3 Gambien tués dans l’attaque d’un drone sénégalais
L’armée sénégalaise est une nouvelle fois accusée d’avoir tué des citoyens gambiens. Les faits se sont déroulés vendredi, selon le gouvernement de Banjul, qui a réagi à travers un communiqué rendu public.
Selon le communiqué, les trois jeunes hommes ont été tués par des drones en Casamance tandis qu’un quatrième a survécu avec des blessures graves. Déjà, le mois dernier, un homme du village de Gifanga a été tué dans des circonstances similaires, un autre blessé.
«Les victimes sont Demba Colley, 23 ans, Alhagie Volley, 23 ans, et Ebrima Colley, 20 ans», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ebrima G. Sankareh, dans un communiqué.
Ebrima G. Sankareh a en outre déclaré que les enquêtes préliminaires ont révélé que «tous les défunts ne sont pas des Gambiens mais s’étaient enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (Hcr), bureau de Banjul, en tant que réfugiés en Gambie».
L’officiel gambien a ensuite ajouté qu’«une quatrième victime répondant au nom de Sulayman Colley, a été blessée et est actuellement hospitalisée dans un établissement de santé». Promettant que le gouvernement va faire toute la lumière dans cette affaire, Sankareh a clairement indiqué que «les trois hommes sont morts dans la région sénégalaise de la Casamance et non sur le territoire gambien comme on le prétend à tort».
Il en a profité pour rappeler à l’ordre les parlementaires du Foni qui ont récemment animé une conférence de presse pour dénoncer les violences que la Mission de la Cedeao en Gambie (Ecomig) et l’armée sénégalaise infligent à la population du Foni. Sankareh a démenti ce qu’il a décrit comme «une litanie de plaintes» concernant les forces de l’Ecomig envoyées en 2016 par la Cedeao pour faire appliquer le verdict des Gambiens après l’élection présidentielle de la même année.
Pendant ce temps, le député de Foni Kansala à l’Assemblée nationale, Almamy Gibba, s’est tourné vers les plateformes de médias sociaux pour, dit-il, «démonter le gouvernement» et «remettre les pendules à l’heure». Dans un enregistrement audio largement partagé, le député Almamy Gibba déclaré : «en tant que représentant de Foni Kansala, je condamne fermement cette fusillade de mon peuple, notre peuple, votre peuple est de ma région, Foni Kansala.»
Gibba a déclaré sans équivoque que les victimes sont des Gambiens, affirmant qu’il était en mesure de rassembler des documents valides pour corroborer ses conclusions. Très en colère contre le Président Adama Barrow et son gouvernement, le député de Foni Kansala a accusé le gouvernement gambien de fuir ses responsabilité en fermant les yeux au moment où leurs fils sont tués.
«Il y a des rumeurs disant que ces personnes tuées sont des Sénégalais et qu’elles ont des cartes de réfugiés. Voici la preuve que ces gens sont des Gambiens. J’ai l’acte de naissance de Demba Colley, la carte d’identité de Sulayman Colley et la carte d’identité d’Alagie Manga», a déclaré le député Almamy Gibba.
Pendant ce temps, le chef du Kansala, Ali Nyassi, a appelé le peuple Foni à gérer la crise avec calme et à promouvoir la paix dans la région. Il a également contesté la version selon laquelle les hommes seraient allés en Casamance pour chercher du bois de chauffage, mais a refusé de dire pourquoi ils y étaient allés, promettant de prendre la parole au moment opportun.
Lorsqu’on lui a demandé si les victimes pouvaient avoir commis des actes répréhensibles en Casamance, Almamy Gibba a déclaré à la presse locale que même si les victimes y avaient commis un crime, cela ne justifiait pas qu’elles soient abattues à vue. «Je pense que la chose raisonnable aurait été de les arrêter et de les traduire en justice», a-t-il soutenu.