Le militaire décède après une bagarre avec son frère
Babacar Sall a comparu, ce mercredi, au tribunal. Tout est parti d’une bagarre qui l’a opposé à son frère militaire à propos de la rénovation d’une chambre dans la maison qu’ils partageaient.
Au cours d’une échange houleuse, les nerfs se sont chauffés et ils en sont aux mains. À l’issue de cette bagarre, la victime s’en est sorti avec des blessures. N’ayant pas jugé nécessaire d’aller à l’hôpital, il a continué à vaquer à ses occupations. C’est après être allé à la police qu’il s’est rendu à l’hôpital. Cinq (5) jours après, il a succombé à ses blessures. Le certificat de genre de mort révèle que Doudou Sall est mort d’une blessure crânienne.
À la police, le défunt avait soutenu que Babacar Sall, sa femme et leur fils qui étaient mineur à l’époque se sont rués sur lui avant que les autres n’interviennent. Entendu par le juge d’instruction, l’accusé a voulu mettre hors de cause sa femme et son épouse en endossant toutes les charges. Il avait reconnu lui avoir donné des coups de briques.
A la barre de la chambre criminelle du tribunal de Pikine/Guédiawaye, Babacar Sall est revenu sur ses déclarations faites devant le juge-instructeur en niant tous les faits. Selon lui, il n’a jamais ôté la vie à son frère. Né en 1960, le pêcheur domicilié à Guinaw rail Sud, conteste : «Je n’ai jamais tué Doudou. Il m’a insulté et par décence, je n’ai pas répliqué aux injures comme nous sommes nés de la même mère. Il m’a attaqué mais je ne l’ai jamais touché. Je jure qu’il s’est blessé lui-même. C’est quelques jours après mon incarcération que j’ai entendu dans la presse que Doudou, le soldat qui se bagarrait est finalement décédé».
Marié et père de six (6) enfants, l’accusé explique que sont les constructions qu’il faisait dans la concession familiale qui sont à l’origine de cette histoire. Entendue à titre de témoin, la veuve de Doudou Sall, Timbo Keïta, explique que ce jour-là, l’accusé l’a insultée trois fois. A l’en croire, c’est quand elle est revenue de la police où elle était allée porter plainte qu’elle a constaté que son époux a été battu. «J’ai vu mon mari saigner du nez mais il était conscient. Avant sa mort, il m’a dit qu’il ne savait pas la personne qui lui a asséné des coups sur la tête et à la nuque ainsi que celle qui l’avait étranglé. Mon mari n’est pas une personne belliqueuse. Quant à l’accusé, à chaque fois qu’il a des histoires avec un membre de sa famille, il le menace avec un couteau», témoigne-t-elle. En guise de dommages et intérêts, elle a réclamé 20.000.000 de francs CFA.
Sœur du défunt et de l’accusé, Aminata Sall soutient à la barre que la victime lui avait confié que c’est Babacar et son fils qui l’ont blessé. L’épouse du défunt, Astou Keïta, qui dit avoir assisté à la bagarre, témoigne : «Quand Doudou a pris Babacar au collet, l’épouse de ce dernier lui a asséné un coup de brique. C’est là que j’ai crié. Babacar aussi lui a donné des coups de brique ainsi que leur fils Abdou Sall. Il s’est affalé au sol. Ils détenaient des briques et un pilon. Doudou était à dos lorsque la femme de Babacar et son fils lui ont asséné des coups de brique».
Pour le maître des poursuites, si l’accusé a nié les faits au prétoire, c’est parce qu’il veut semer le doute dans leurs têtes. «Il a été cité nommément et formellement par des témoins qui ont assisté à la bagarre. D’autres témoins à savoir des voisins ont révélé que le fils de l’accusé infligeait des coups de pilons à la victime. Ce qui lui a occasionné des blessures graves et qui ont conduit à sa mort. C’est une querelle de famille, des attaques réciproques. Il a été rapporté ici que l’accusé était dans une position délicate ce qui explique que les autres ont donné des coups à la victime. Je ne suis pas convaincu que cet excès de colère ait puisse avoir une volonté de donner la mort», a déclaré le procureur. Estimant que ces faits sont des coups mortels, il a requis contre Babacar Sall une peine de 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200.000 francs.
À la suite de la défense qui a plaidé l’acquittement, le juge a condamné Babacar Sall à une peine de 2 ans ferme et à payer une amende de 100.000 francs. Pour la réparation, il doit aussi allouer la somme de 20.000.000 à la veuve de son frère, Timbo Keïta.