Depuis 2010, malgré quelques soubresauts, Aminata Touré, aujourd’hui 59 ans, compte ou comptait parmi les plus proches collaborateurs de Macky Sall. Alors militante pour les droits de l’homme et fonctionnaire à l’ONU, elle a occupé plusieurs postes de responsabilités depuis l’accession au pouvoir du président Macky Sall en 2012.
Macky Sall/Aminata Touré, c’est une relation en dents de scie. Un compagnonnage qui alterne amour et désamour. Ostracisé et houspillé au sein du PDS jusqu’à le pousser à démission de son poste de président de l’Assemblée nationale, Aminata Touré, Alioune Badara Cissé et autres ont été les premiers, en 2010, à croire en lui et à constituer un bouclier pour l’actuel président de la République. C’est ainsi qu’en 2012, l’ancienne fonctionnaire des Nations unies a été désignée directrice de campagne du candidat Macky 2012. En 2019, encore il y a eu le remake. Et lorsqu’il a été élu chef de l’Etat, Macky Sall a fait d’elle son ministre de la Justice avant de la promouvoir Premier ministre un peu plus d’un an après à la suite du départ de Abdoul Mbaye.
La dégringolade de la ‘’station primatoriale’’
Femme de devoir, « Mimi» s’était toujours comportée en inconditionnelle et défenseure acharnée de son « patron » dont elle se voulait le bouclier blindé. Pourtant, malgré les résultats assez flatteurs qu’elle a obtenus à la tête du Gouvernement, le président de la République n’a pas hésité à la limoger de la Primature en 2014 pour avoir perdu les élections locales devant Khalifa Sall dans la commune de Grand Yoff. En vraie « roc », Mimi prend ses distances avec Macky et son parti l’Apr. Sans pour autant démissionner de la formation marron-beige.
Le 10 février 2015, elle revient aux affaires en tant qu’Envoyée Spéciale du président de la République. Ce dernier la désignera par la suite coordinatrice du Pôle parrainage de la campagne de collecte de parrains pour l’élection présidentielle de 2019. Sans ménager sa peine, l’ancien Premier ministre s’engage à fond sur le terrain de la collecte de signatures. Le même scénario s’est passé aux élections législatives du 31 juillet.
Un limogeage humiliant au CESE
Le 24 février 2019. Les Sénégalais s’attendaient à un grand retour au gouvernement de Mimi Touré, suite à la réélection de Macky Sall. Beaucoup d’ailleurs l’annonçait aux Affaires étrangères. Finalement, elle a atterri à la présidence du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). Une prestigieuse institution qui avait sonné comme une récompense bien méritée.
Le coup de poignard aura été celui qui a été choisi pour la remplacer à la tête du CESE. Idrissa Seck avec qui elle a croisé le fer plusieurs fois pour défendre Macky Sall. Un limogeage jugé humiliant. Mimi Touré coupe, ainsi, les ponts avec le leader de APR, quitte les groupes WhatsApp qui regroupaient les ministres, directeurs généraux et hauts responsables de l’Alliance pour la République.
La trahison de trop ?
Contrairement aux précédentes expéditions où en tant directrice de campagne, Aminata Touré avait pu contribuer à une éclatante victoire de sa coalition, les résultats des législatives du 31 juillet dernier ont été très mitigés. Bennoo Bokk Yaakar n’a devancé l’opposition que d’une voix à l’Assemblée nationale. Un camouflet qui éclipse une campagne menée avec vaillance et allégresse. Toutefois, cette campagne ne pouvait enrayer cette tendance décadente du suffrage de la coalition au pouvoir. Malgré tout, les observateurs de la scène politique pensaient que Macky Sall ne pouvoir avoir un meilleur choix que Mimi Touré compte tenu de son expérience, de sa bravoure au front mais surtout de sa carrière politique. Le 12 septembre, encore une désillusion.
A l’annonce du candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar pour la présidence de la 14e législature de l’Assemblée nationale, Aminata Touré était pétrifiée. Regard évasif, mine sévère ou ébranlée. En tout cas, elle est restée quasi insensible au tohu-bohu dans l’Assemblée. Macky Sall a préféré Dr. Amadou Mame Diop, député-maire de Richard Toll et directeur général de la SAPCO à la place de Aminata Touré. Là d’attendre de pouvoir cracher son amertume sur le haut de la tribune de l’Assemblée nationale devant toute l’opinion publique nationale et internationale, l’ancienne Premier ministre se résout à bouder et à quitter l’Hémicycle. Depuis lundi, les salves contre le président de la République, sa famille se multiplient. En revanche, franchira-t-elle le Rubicon pour couper les amarres ? Wait and see !!