Le naufrage d’une pirogue remplie de candidats à l’émigration irrégulière au niveau de la brèche de Saint-Louis suscite beaucoup d’appréhensions. Pour l’instant, seul le corps sans vie d’une fille a été repêché alors que plusieurs personnes sont portées disparues au niveau de cette étendue océanique.
Pour l’instant, il n’y a qu’une seule certitude : une embarcation remplie de candidats à l’émigration irrégulière a chaviré dans la nuit du mercredi au jeudi au niveau la brèche de Saint-Louis, qui est un véritable cimetière pour les pêcheurs et les migrants. Plus précisément à hauteur de pilote Barre, situé dans la commune de Ndiébène Gandiol. Jusque tard dans la soirée d’hier, seul le corps sans vie d’une fille avait été repêché.
Aujourd’hui, il reste un paquet de questions à élucider, surtout qu’on s’achemine vers une nouvelle tragédie maritime liée à l’émigration irrégulière. Il y avait combien de personnes dans la pirogue ? Pourquoi elle a naufragé ? Pour le moment, il n’y a aucune réaction officielle.
Il reste cependant certain que plusieurs personnes sont portées disparues au milieu du grand bleu. Ce qui laisse subodorer le pire. L’embarcation qui a chaviré devait transporter des candidats à l’émigration clandestine vers une autre plus grande, stationnée en haute mer. Loin des yeux des garde-côtes sénégalais, qui multiplient les patrouilles pour intercepter les migrants. Comme depuis le début de cette reprise des départs, il y avait beaucoup de femmes et d’enfants. En dépit des menaces de poursuites lancées récemment par la ministre auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Sénégalais de l’extérieur.
Ces dernières semaines, le mouvement des pirogues vers les Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée vers l’Europe dans l’Océan atlantique, a repris avec force. Et les drames se succèdent. Au mois de juillet, une pirogue avait chaviré au niveau de l’embouchure à Saint-Louis, faisant au moins quatorze morts. Après le drame qui avait frappé le quartier Thiawlène à Rufisque, qui a pleuré ses 8 jeunes naufragés. Sans oublier la tragédie qui avait touché Ouakam où 17 personnes avaient péri après que leur embarcation s’est renversée au milieu des vagues.
Mardi, 184 Sénégalais, longtemps retenus à Dakhla, après avoir été sauvés par les garde-côtes marocains, ont été rapatriés. Comme chaque année, les étés sont meurtriers pour ces candidats à l’émigration qui rêvent d’un ailleurs meilleur. Cette année, le phénomène a explosé avec des départs massifs vers l’Espagne. Alors que 1600 km séparent le Sénégal de l’archipel des Canaries. Ce week-end, un record de plus de 1500 arrivées a été enregistré sur les côtes des îles Canaries confrontées à une saturation de ses structures d’accueil. Même hier, d’autres migrants y ont accosté. Face aux arrivées record de migrants au Canaries, Madrid déploie des avions de surveillance.
Déploiement d’avions de surveillance
Après les drames de Saint-Louis et de Ouakam, qui ont fait presque une trentaine de morts, le Premier ministre a procédé à la validation politique de la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (Snlmi) et son Plan d’actions opérationnel. Ce qui va constituer un tournant décisif dans la prise en charge de la lancinante problématique de la migration irrégulière. Ce nouvel acte fait suite à une validation technique en novembre 2022 par les acteurs de la Société civile sénégalaise, des organisations de migrants et autres partenaires, notamment de l’Union européenne. Forte de 8 piliers et 5 axes stratégiques, la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière va être mise en œuvre de 2023 à 2026. Autrement dit, l’essentiel de ses interventions va tourner autour de la prévention, la gestion des frontières, les mesures de répression, l’aide, l’assistance et la protection, le retour et la réinsertion des migrants, et la gestion et la gouvernance de la migration. La Stratégie nationale sera une amélioration du dispositif institutionnel, avec une approche inclusive s’articulant autour d’une stratégie mobilisatrice des services de l’Etat, impliquant les communautés et les partenaires au développement dans un contexte marqué par la recrudescence du phénomène avec son lot de morts.