L’Observateur a listé dans son édition de mercredi quelques histoires incroyables de candidats à l’émigration clandestine. Certaines pépites du journal sont renversantes. Extrait 2.
Pape Oumar Sy (Mécanicien) : «Le retraité embarqué de force pour l’Espagne»
«C’était une nuit de janvier 2021. Nous sommes répartis en petits groupes sur la plage de Mboro. Au moment de rejoindre notre pirogue pour l’Espagne, nous tombons nez à nez avec un vieux retraité qui faisait des zikrs en se promenant. Il nous scrute l’air surpris avant de continuer ses invocations. Concentrés sur notre objectif, nous ne faisons pas fait trop attention à lui. Lorsqu’il apprend que nous avons croisé un vieux avant de prendre place à bord de l’embarcation, le capitaine de la pirogue nous demande de l’amener avec nous pour éviter qu’il nous dénonce. Nous nous sommes rués sur vieux. Surpris, il tente de se débattre. Nous le maîtrisons et l’embarquons de force dans la pirogue. Heureusement pour lui et pour nous, le voyage se passe bien. D’ailleurs, durant tout le trajet, il dirigeait les prières. Nous arrivons sains et saufs en Espagne. Heureusement pour lui et malheureusement pour nous, nous sommes arrêtés dès notre arrivée par la marine espagnole puis rapatriés au Sénégal. La famille du retraité, qui avait lancé des avis de recherches, était surprise de le revoir. Beaucoup avaient du mal à croire son histoire.»
Pape Abdoulaye Seck, ancien coordonnateur national de la migration du travail (2008-2010) : l’accouchement de la cueilleuse de fraises
«Le gouvernement du Sénégal avait reçu une offre de 2700 places pour la cueillette des fraises à Huelva, en Espagne. Les places étaient réservées aux femmes. Le processus d’enrôlement a été bien mené dans l’ensemble des départements du Sénégal. Les travailleuses sélectionnées se sont toutes présentées à l’école police pour les formalités de voyage. Malheureusement pour nous, durant tout ce processus, une des femmes était enceinte et s’était fait représenter par sa sœur. Nous n’avions pu détecter la supercherie. Ainsi, elle a pu embarquer sans éveiller le moindre soupçon. Elle a accouché une semaine après son arrivée en Espagne et l’affaire avait soulevé un tollé. Nous avons été traités de tous les noms puisque nous avions été incapables d’expliquer ce scénario. C’est une enquête des services de migration espagnole qui a éclairé cette affaire. Malheureusement, la dame a été reconduite au pays. Elle pensait qu’en ayant un bébé en Espagne, elle pourrait avoir la nationalité et s’installer pour de bon en Europe. Elle a déchanté.»
source : Seneweb