L’université Cheikh Anta Diop n’est pas à sa première fermeture. Lors des législatives de 2022, certains établissements étaient à deux semaines de la fin des cours et l’autorité avait décidé de fermer le temple du savoir pour problème de sécurité.Un an après, bis repetita. Les manifestations de juin dernier entrainent encore la fermeture des universités et le même motif est servi. Aujourd’hui pourtant, les étudiants ont accepté la présence des forces de l’ordre dans le campus pour garantir la reprise effective des cours en présentiel. Avant la rencontre du conseil académique, les forces de l’ordre avaient déjà occupé certains points stratégiques de l’Ucad. Les étudiants de la formation payante de l’ESP continuent de suivre des cours. Au niveau de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odonto-Stomatologie, les apprenants ont démarré les examens de fin d’année.
Modou Diagne représentant des étudiants déplore cette situation qui consiste à donner des cours aux enfants de riches au détriment des autres étudiants.
« Le président Macky Sall ne doit pas accepter que l’Ucad soit fermée. L’administration souhaite rouvrir après la fin des élections de février 2024. Ce n’est pas une bonne image après ses réalisations dans ce pays. Il faut rappeler qu’en 1966, le président Léopold Sédar SENGHOR avait appelé les dirigeants de la grève à la table de négociation. Parce que cette période a coïncidé avec le festival mondial des arts négres. Il ne voulait pas organiser cette rencontre d’échanges au moment où le temple du savoir est fermé. En ce moment-là il avait mesuré l’importance de l’Université et les conséquences de la fermeture. Nous avons des étudiants qui veulent étudier et des professeurs qui veulent donner des cours. Donc il y a une volonté de la part des deux camps qui sont les acteurs principaux de l’université. », a laissé entendre Modou Diagne président amicale FSJP- UCAD
Au moment où les émeutes ont déclenché au mois de juin, les étudiants de la faculté de médecine étaient à deux semaines de la fermeture des cours. Malgré le refus de certains de prendre des cours en ligne, la direction a mandaté le représentant des étudiants pour convaincre ses pairs de prendre des cours sur la plateforme.
Selon Awa Ba, il y avait un forcing de la part des responsables de la faculté de médecine : « Au début nous avons refusé de prendre des cours sur la plateforme. Presque la majeure partie des étudiants n’étaient pas d’avis. Nous étions à deux semaines des examens pour la faculté de médecine. Ceux de Master étaient en plein devoir quand tout a commencé. »
Pour elle, « certains étudiants pensent que c’est à cause des étrangers que les cours ont démarré à la faculté de médecine. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Nous avions décidé de boycotter comme ceux des autres facultés. Mais les responsables avec la complicité de certains étudiants ont commencé à partager les cours sur la plateforme. Mais aussi dans les groupes à travers WhatsApp. »
Si les étudiants ne sont pas prêts pour les cours à distance, c’est à cause des difficultés financières que traversent certains. Car la connexion est coûteuse et il faut un temps pour entrer dans la plateforme, en plus de la couverture défectueuse du réseau dans certaines zones.« Nous déplorons toujours ce système de donner des cours à des étudiants. Car pour un cours en ligne, il faut soit voir où entendre la voix du professeur. Mais au niveau de notre plateforme, ils déposent les cours seulement sans explications. C’est à l’étudiant de faire des efforts pour comprendre ou de faire des recherches. Il faut signaler aussi que les gens éprouvent des difficultés pour accéder à la plateforme. Certains ne parviennent même pas y prendre des cours à cause des marques de téléphones. Car l’accès est refusé pour certains à cause de leur configuration de smartphone. Imaginez-vous, je dois faire un examen le mercredi prochain sur une leçon que je viens de voir il y a seulement 24 heures. »En plus, cette étudiante déplore le manque de soutien de leurs professeurs. Pour elle, ceux-ci ne s’intéressent qu’à leurs activités professionnelles en dehors des enseignements. « Lesenseignants de la faculté de médecine ne s’intéressent pas trop aux syndicats. Car à la place où ces professeurs des autres facultés sont dans les rues, ceux de médecine sont dans leurs cliniques ».
source: senenews