Sonko, surtout, pas en direction des forces armées. (Par Augustin Tine)
La dernière d’Ousmane Sonko n’a pas laissé indifférents les acteurs politiques du pouvoir. Elle continuer de faire réagir le régime et ceux qui l’incarnent. Cette fois-ci c’est l’ancien ministre des Forces Armées, Augustin Tine qui sort de sa réserve pour s’en prendre au leader de Pastef.
Ousmane Sonko semble faire feu de tout bois dans ses inlassables tentatives de jeter le discrédit et l’opprobre sur le Président Macky Sall et son gouvernement en faisant sienne, la boutade qui veut qu’« en politique, tous les coups sont permis ».
Seulement, il est important qu’il sache qu’une telle réflexion ne peut prospérer partout et malheureusement, plus qu’attaquer lesdites cibles, Sonko est, par une telle déclaration dénuée de tout fondement et honteusement mensongère pour un responsable de sa trempe, en train de jouer avec le feu et ne semble pas du tout appréhender le sérieux de la situation sécuritaire de notre voisin le Mali avec qui nous entretenons des relations de fraternité et d’amitié que notre histoire commune et notre géographie nous imposent.
C’est la raison pour laquelle ma qualité d’ancien ministre des Forces Armées de mon pays, en poste lors de la mise en œuvre de cette mission qui se déroule encore au Mali dans le cadre de la MINUSMA m’interdit de me taire devant de telles contre-vérités. C’est pourquoi, je m’inscris en faux contre de tels propos d’une extrême légèreté venant d’un homme qui ambitionne de diriger notre pays.
Si Sonko était plus sérieux et crédible, il aurait compris que ces maux qui gangrènent la société malienne au point de déboucher sur cette situation sont les choses du monde les mieux partagées dans notre sous-région. Par conséquent, si nous en sommes jusqu’à présent épargnés c’est surtout grâce à la capacité d’anticipation permanente du chef de l’État Macky SALL mais aussi et surtout au professionnalisme, à l’abnégation et à la vigilance de nos forces de défense et de sécurité.
Sans faire dans le catastrophisme de mauvais aloi, il demeure indéniable que si nous manquons de nous accorder sur ces questions élémentaires mais, ô combien cruciales de notre sécurité collective et de la défense nationale, gageons que le Mali pourrait préfigurer nos épreuves de demain. Il pourrait être ce laboratoire des alternatives quasi inéluctables. Alors, pour notre sécurité, faisons-nous un point d’honneur de croire, à l’instar du Président Macky Sall que : « le Mali sera, ou nous ne serons pas ».
Voilà qui explique pourquoi l’engagement de l’armée sénégalaise en République malienne est constant depuis 2013, avec un système de rotations et de relèvements périodiques des effectifs engagés. Que chacun se tienne pour dit que rien ni personne ne pourra départir notre pays de cela, à moins que les menaces que nous percevons de la situation actuelle soient totalement éteintes.
Il faut comprendre que cet engagement au Mali, en plus d’être stratégique et institutionnel, obéit à une vieille tradition. Dès 1960 déjà, l’armée nationale envoie des troupes pour des missions de maintien et de rétablissement de la paix dans le cadre des Nations Unies, posture qui fait du Sénégal, à travers son armée, le huitième contributeur de troupes pour les Nations Unies avec comme avantages avérés : l’entrainement permanent de nos soldats sur de réelles zones de guerres, l’acquisition de nouveaux équipements et d’expertise permettant de faire face aux nombreuses menaces asymétriques.
Au nom des ambitions qu’Ousmane Sonko prétend nourrir pour le Sénégal, il ne devrait ignorer que notre engagement au Mali répond à un besoin hautement sécuritaire pour notre pays dont le seul objectif est de voir nos voisins et, plus particulièrement, le Mali, renouer avec les jours de paix et de stabilité. La chute de Kadhafi en 2011 a provoqué l’ouverture d’un grand boulevard d’insécurité et une libre circulation de la plupart des combattants djihadistes (Niger-Nigéria-Tchad-Burkina-Mali), circulation qui s’est arrêtée, pour le moment, en territoire malien, grâce à l’immense travail de veille, d’alerte et d’anticipation de nos infatigables Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Au demeurant, il importe de relever que cet engagement n’est aucunement assujetti à la France, mais au contraire, répond à notre besoin de sécurité, de stabilité et de paix, mais aussi et surtout, à la solidarité envers un pays frère qui, il faut le rappeler, a partagé avec le Sénégal un même drapeau et un même État dans le cadre de la Fédération du Mali.
Si d’aventure, Ousmane Sonko ignore ces vérités basiques des fondements de la sécurité nationale, qu’il se résolve, en toute humilité, à les assimiler et les prendre en compte pour l’avenir. Mais si, par ailleurs, il les avait assimilées mais continue, néanmoins, à les évoquer comme il vient de le faire avec désinvolture et légèreté, il aura fini de manifester à la face du monde, son mépris pour notre cher Sénégal et ses voisins mais surtout son indignité à jouir d’une once de crédibilité dans ce pays.
Nous sommes en droit de t’exiger d’avoir un peu plus de retenue lorsque tu parles de choses aussi délicates et que tu ne maitrises absolument pas. Assez de ces turpitudes. Le Sénégal est trop important et précieux pour qu’il soit traité en un jouet de garnement.
Augustin TINE
Ancien Ministre des Forces
Armées (MFA) du Sénégal.
Rédactions Public SN