Pourquoi l’ancien Premier ministre du Sénégal, Cheikh Hadjibou Soumaré, est-il placé sous contrôle judiciaire ?
L’ancien Premier ministre sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré est libéré et placé sous contrôle judiciaire. Récemment, dans une lettre ouverte adressée au président sénégalais Macky Sall, il interpellait ce dernier sur des allégations de versement d’un montant de près de 8 milliards de francs CFA, en faveur d’une personnalité politique française.
« Avez-vous donné récemment de l’argent à une personnalité politique française ? dans l’affirmative est-ce un montant de 12 millions d’euros soit environ 7,9 milliards argent d’un pays catalogué Pays Pauvre Très Endetté », interroge l’ancien Premier ministre dans sa lettre publiée le 04 mars 2023 et largement relayée par la presse sénégalaise.
« Si par extraordinaire, tout cela était avéré, éclairez le peuple sénégalais avoir agi en qualité de président de la République du Sénégal ou de chef de parti politique et avec quel argent ? », martèle-t-il, dans la missive à l’adresse du chef de l’État sénégalais.
Le nom la personnalité politique n’est pas citée dans la lettre. Toutefois, dans sa série de questions, M. Soumaré fait allusion à Marine Le Pen, Présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale française et candidate du parti du même nom à l’élection présidentielle française de 2022, à laquelle elle avait été battue au second tour par Emmanuel Macron.
« Surtout quand on sait que la haine et le rejet de l’autre, ont toujours été utilisés par le parti, comme véhicule d’une ascension politique ? », souligne M. Soumaré dans ladite lettre
Le gouvernement nie les allégations
C’est deux jours après sa publication, le 06 mars, que réagit le gouvernement sénégalais qui, dément toute allégation selon laquelle Macky Sall aurait remis de l’argent à Mme Le Pen.
« Le gouvernement rejette et condamne fermement de telles insinuations, lâches et sans fondement, qui témoignent manifestement d’une volonté maléfique de jeter le discrédit sur la personne du Président de la République, porter atteinte à l’Institution qu’il incarne et nuire aux relations entre le Sénégal et une puissance étrangère », lit-on dans un communiqué signé de son porte-parole et qui annonce qu’il « se réserve le droit de donner toute suite qu’il juge appropriée à ces insinuations fallacieuses, malveillantes et indignes de quelqu’un qui a occupé de hautes fonctions. »
Libéré puis placé sous contrôle judiciaire
S’en suit la convocation le 09 mars de l’ancien Premier ministre au commissariat central de Dakar où il est placé en garde à vue, après avoir été entendu par les enquêteurs ; d’après son avocat Me Mame Adama Gueye qui s’est adressé aux médias à la fin de l’interrogatoire.
« L’interrogatoire a été fait à la requête du procureur de la République. Là, on vient de nous annoncer qu’il est placé en garde à vue », indique-t-il à la presse devant les locaux du commissariat.
Après avoir été déféré au Parquet ce vendredi, l’ancien Premier ministre est libéré puis placé sous contrôle judiciaire.
Cheikh Hadjibou Soumaré a été ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget et de l’Habitat entre 2001 et 2007. Le 19 juin 2007, il est nommé Premier ministre du Sénégal par le président Abdoulaye Wade. Il succède ainsi à Macky Sall qui occupait ce poste depuis 2004 avant de démissionner moins de deux ans plus tard, en avril 2009.
De 2011 à 2007, il occupe le poste de Président de la Commission de l’UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest Africaine).
L’ancien Premier Ministre avait déposé son dossier de candidature à la présidentielle de 2019. Mais elle a été invalidée par le conseil constitutionnel qui a rejeté de son dossier de parrainage.
En février dernier, Cheikh Hadjibou Soumaré a fait sa déclaration de candidature à la présidentielle de février 2024.
L’ancien ministre sénégalais du budget Cheikh Hadjibou Soumare (C) est encadré par la sécurité le 19 juin 2007, après avoir rencontré le président Abdoulaye Wade à Dakar. Il vient d’être nommé comme nouveau premier ministre du pays.
Ce 3 mars 2023, sur le plateau de « Balance », une des émissions populaires de Walf TV, Pape Ndiaye prend la parole sur l’affaire la plus sensible au Sénégal depuis des mois, celle que l’on surnomme « Sweet Beauty ».
Le nom est celui du salon de massage dans lequel Ousmane Sonko est soupçonné d’avoir violé une des employées, Adji Sarr. Une affaire dans laquelle l’opposant au président Macky Sall vient d’être renvoyé devant un tribunal.
Une décision politique, sous-entend ce jour-là Pape Ndiaye. Le chroniqueur judiciaire affirme – sans toutefois apporter de preuve – que 19 substituts du procureur s’étaient opposés à ce renvoi devant la chambre criminelle. Quelques heures plus tard, le 4 mars au matin, le journaliste est placé en garde à vue puis, mardi 7 mars, sous mandat de dépôt. Au total, six chefs d’inculpation ont été retenus contre lui : provocation d’un attroupement, outrage à magistrat, intimidation et représailles contre un membre de la justice, discours portant discrédit sur un acte juridictionnel, diffusion de fausses nouvelles et mise en danger de la vie d’autrui.
« Seules deux accusations portent réellement sur le dossier, les autres sont ubuesques et n’ont rien à voir avec l’affaire », s’étonne Ibrahima Lissa Faye, membre de la Coordination des associations de presse (CAP) et président de l’Association presse en ligne (Appel). Selon Moussa Sarr, avocat du prévenu, Pape Ndiaye risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement.
« Un simple démenti du parquet aurait suffi », regrette Me Sarr. Une opinion partagée par M. Faye : « Pape Ndiaye a fait amende honorable. Il aurait été plus logique de saisir le Conseil pour l’observatoire des règles d’éthique et de déontologie dans les médias [Cored], qui aurait pu lui interdire l’exercice de sa fonction. »
« Ce n’est pas acceptable en démocratie »
Le cas de Pape Ndiaye inquiète sa profession et rappelle l’arrestation, en novembre 2022, du journaliste Pape Alé Niang. Celui-ci était également accusé de « diffusion de fausses nouvelles » en lien avec l’affaire Adji Sarr. Suite à une forte mobilisation, le journaliste du site d’information Dakar Matin, en grève de la faim, avait été libéré après deux mois en prison.
« Lorsque deux journalistes très connus sont arrêtés et poursuivis en quelques mois dans l’exercice de leurs fonctions, c’est que la situation est grave. Ce n’est pas acceptable en démocratie, où le droit d’informer est inscrit dans la Constitution », rappelle Me Sarr. Les autorités sénégalaises ont quant à elle toujours défendu qu’elles ne s’ingéraient pas dans les dossiers judiciaires.
A un an de l’élection présidentielle de février 2024, la tension est palpable. Alors que Macky Sall est soupçonné par ses détracteurs de vouloir solliciter un troisième mandat, son principal opposant, Ousmane Sonko, est poursuivi dans plusieurs affaires, ce qui pourrait l’empêcher de se porter candidat.
Les arrestations et poursuites à l’encontre de militants et sympathisants d’opposants politiques se sont accentuées ces derniers mois. « Le pouvoir a décidé de museler et d’intimider la presse pour que les journalistes aient peur et ne traitent plus de dossiers sensibles. On sent une volonté de l’Etat de casser des journalistes pour qu’ils s’autocensurent », rapporte M. Faye, de la CAP. Il craint que d’ici à 2024, les atteintes à l’encontre de la presse se multiplient. « Demain ce sera peut-être un confrère ou une consœur. L’affaire “Sweet Beauty” a fait beaucoup de victimes », s’inquiète-t-il.
Ousmane Sonko ne compte pas rester de marbre face aux actes que posent les magistrats dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Le leader du parti Pastef l’a déclaré hier, lors de la conférence de presse des leaders de Yewwi askan wi.
«Je vais dénoncer tout magistrat qui ne ferait pas correctement son travail. Vous n’êtes que des humains et vous vivez parmi les gens. C’est le Peuple qui vous paie vos salaires. Vous êtes dans votre bulle, croyant que vous êtes des êtres exceptionnels, mais vous n’êtes que des humains», a-t-il soutenu. Avant de poursuivre : «Chaque jour vous faites du tort aux gens sur des contre-vérités. Quand la loi montre la voie, vous ramez à contre-courant. Parce qu’on vous a fait une commande. Et vous dites que personne ne doit en parler. Pourquoi ?» «Ce ne sont pas tous les magistrats qui sont concernés, mais tout magistrat qui fait ce qui n’est pas normal, on le dénoncera. Je cite Serigne Bassirou Guèye, Maham Diallo, celui qui était récemment procureur (Hamady Diouf), qui parle de courage. Il n’y a pas pire peur que de se réfugier derrière des fonctions. Les actes qu’ils ont posés sont lâches et n’ont rien à voir avec l’exercice des fonctions de magistrat. Ils sont depuis longtemps indexés, et ils vont continuer à être indexés. Celui qui ne veut pas être indexé n’a qu’à appliquer la loi et suivre la loi (…)», recommande le chef des «Patriotes».
Cette déclaration reste une réponse à la dernière sortie du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Dans une interview accordée à un journal de la place, Chimère Ousmane Diouf avait défendu ses collègues et expliqué le bienfondé de leur mission.
Le ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement a apporté des éléments de réponse à l’affaire dite des 98 milliards de francs Cfa destinés au financement du Programme spécial de désenclavement (PSD).
« Les crédits ont tous suivi toutes les étapes de validation au niveau des ministères concernés »
Le ministère de l’Intérieur a retenu l’intervalle des dates du jeudi 6 avril au samedi 6 mai 2023 pour procéder à la révision exceptionnelle des listes électorales sur tout l’ensemble du territoire national et à l’étranger pour le vote des Sénégalais de l’extérieur, en vue de l’élection présidentielle du 25 février 2024.
D’après le décret du ministère de l’Intérieur publié hier, «les électeurs peuvent solliciter auprès des commissions administratives mises en place, les opérations d’inscription, de modification de l’inscription, de changement de statut et de radiation d’électeurs pendant la période du 6 avril au 2 mai 2022». Mais le choix de cette date a-t-il été bien pensé, si l’on sait que les élèves et étudiants seront encore en pleine année scolaire et de préparation des examens ? Auront-ils le temps matériel pour aller procéder à cette révision exceptionnelle qui va durer un mois en cette fin d’année scolaire ? Pourtant, en vue de la prochaine élection présidentielle fixée au dimanche 25 février 2024, «il importe dès lors de procéder à cette mise à jour du fichier électoral, pour permettre aux citoyens sénégalais qui auront dix-huit (18) ans révolus à cette date, mais aussi à tout autre citoyen remplissant les conditions requises et n’ayant pas encore accompli cette formalité, de pouvoir s’inscrire», fait savoir le décret ministériel. Mais, au regard de cette tranche d’âge de 18 ans, les élèves sont pour la plupart les plus concernés. Et malgré la dérogation preuve par les dispositions de l’article R 43 alinéa 4 du Code électoral, les conditions ne semblent pas réunies pour offrir aux potaches la possibilité de faire cette révision. Car selon le décret du ministère de l’Intérieur, «les services centraux disposent d’un délai de vingt (20) jours, allant de la clôture des opérations de la révision exceptionnelle jusqu’au vendredi 26 mai 2023, pour le traitement et l’exploitation des données issues de la révision exceptionnelle des listes électorales». Toutefois, du côté de l’Etat, ce ne sont pas des arguments pour justifier ce besoin de révision exceptionnelle qui font défaut.
«L’exigence de mettre à jour les listes électorales avant ce scrutin trouve son fondement dans le Code électoral, notamment à son article L.37 alinéa 5, qui prévoit qu’avant chaque élection générale, une révision exceptionnelle des listes électorales est décidée par décret», fait-on savoir.
Pour ce besoin, «les demandes d’opérations auprès des commissions administratives par les électeurs prennent fin le mardi 2 mai 2023, aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger», précise le document. Mais, si pour toutes opérations au niveau des commissions administratives, «l’adresse domiciliaire ou le lieu de naissance qui figure sur la carte d’identité biométrique Cedeao ne se trouve pas dans la circonscription électorale, le demandeur est tenu de prouver son rattachement à la circonscription par la production d’un certificat de résidence ou la présentation de tout autre document de nature à prouver ce lien prévu à l’article 4-1 du présent décret», a-t-on précisé.