PUBLIC-ACTUALITES POLITIQUES,CE VENDREDI 17 MARS 2023

 

Sonko et son avocat, Ciré Clédor Ly, évacués pour raisons de santé

Les avocats de Ousmane Sonko ont obtenu gain de cause. Les robes noires n’étaient pas disposées à plaider hier. Elles ont mis une énorme pression sur le juge Pape Mohamed Diop, qui a finalement tranché en leur faveur.

Par ElMath NIANGLa défense a ainsi prétexté le traitement dont a fait l’objet leur client et Me Ciré Clédor Ly de la part des Forces de l’ordre pour asseoir le bien fondé de leur requête.

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Sonko et son avocat, Ciré Clédor Ly, évacués pour raisons de santé

C’est une victoire pour les avocats de la défense, qui n’étaient clairement pas dans une posture de poursuivre le procès. Le juge, Pape Mohamed Diop, dos au mur, a finalement accepté de repousser encore l’audience au 30 mars prochain. Le magistrat a été acculé par Me Ousseynou Fall, un des conseils de Ousmane Sonko qui a été attrait à la barre par Mame Mbaye Niang pour diffamation sur la gestion des 29 millards Cfa du Prodac. «Si vous acceptez d’enrôler ce dossier, vous serez complice de cette forfaiture. La Justice ne peut qu’être rendue dans un climat serein. Avec les Forces de l’ordre encagoulées dans cette salle, le climat n’est pas serein. En plus, notre client, depuis des jours, est en résidence surveillée.» C’est par ces mots et sur un ton autoritaire exacerbé par une voix rauque que Me Fall a, à la limite, intimé l’ordre au magistrat de renvoyer l’affaire.

Le juge a fait preuve de pédagogie. Mohamed Diop n’a pas bronché. Une sagesse dont les avocats de Mame Mbaye Niang n’ont pas fait montre. Avec des hurlements réprobateurs, ils coupent la parole à Me Ousseynou Fall. C’est la première suspension d’audience.

Alors que le juge Diop et ses assesseurs sont sortis, Abass Fall se signale. Le député de Yaw, en tenue décontractée, s’est donné un malin plaisir de répondre à un homme assis deux rangées derrière Mame Mbaye Niang, qui expliquait à une dame qu’il n’avait pas pris de photos. Une situation qui ne laisse pas indifférents les partisans de M. Niang, qui répliquent. Il a fallu l’intervention de certains journalistes pour faire entendre raison aux protagonistes.

Après la suspension, le juge Diop reprend les débats. C’est au tour de Me Guy Hervé Rommel Kam du barreau de Ouagadougou d’expliquer le bien fondé d’un renvoi de l’audience. «C’est hier (mercredi) que je suis arrivé à Dakar. Je me suis automatiquement rendu chez mon client. J’ai constaté que sa maison était barricadée. C’est une image qui n’honore pas le Sénégal. J’ai voulu le rencontrer, mais la police m’a refusé l’accès. Les Forces de l’ordre ont refusé l’accès à un acteur de la Justice. Je ne sais pas si vous imaginez la gravité des faits», a expliqué la robe noire burkinabè pour solliciter un renvoi.

Une requête qui a le don de faire sortir Me El Hadji Diouf de ses gonds. «Nous nous opposons fermement à cette requête. Il devrait être simple. C’est un procès en diffamation. Quand on accuse publiquement une personne et qu’on dit détenir des preuves, on devrait s’empresser de les exhiber. On n’a pas besoin de temps pour se préparer. C’est simple, qu’il sorte le rapport qui prouve ce qu’il a dit», a dit d’un ton ferme Me El Hadji Diouf. Une interprétation de la demande des avocats qui a énervé Me Ousseynou Fall de la défense. «Cette affaire ne peut être jugée aujourd’hui. M. le président, si vous acceptez de la retenir, vous serez complice de cette forfaiture. Macky Sall ne peut pas imposer sa loi. Nous n’allons pas l’accepter.»  C’est la déclaration de trop de Me Fall, qui va se faire réprimer par le juge. Mohamed Diop lui demande de sortir de la salle d’audiences.

«Je sais rendre la Justice dans l’élégance et la courtoisie. Nos concitoyens sont en train de nous observer et de nous juger. Je vous ai laissé faire depuis ce matin, mais ça suffit. Je peux être dur. On ne peut pas prendre une décision normale dans cette situation», a dit le magistrat, juste après la deuxième suspension d’audience où il a demandé à s’entretenir avec le représentant du Bâtonnier. A la reprise des débats, le procureur a souligné «l’élégance de la Justice en attendant Ousmane Sonko» et Mame Mbaye Niang a réexprimé son souhait de voir ce chapitre se terminer. «Ça fait 4 mois que je suis diffamé. Je réclame justice, tout simplement», a dit le ministre du Tourisme.
Ciré Clédor Ly, un des avocats de Sonko, a mis sur la table son état de santé fragilisé par les «policiers en (le) gazant». Finalement, le juge Diop a décidé de renvoyer l’audience au 30 mars prochain. Une victoire pour la défense qui n’avait visiblement que ce renvoi comme stratégie.

Ousmane Sonko qui est arrivé bien après Mame Mbaye Niang n’a pas raté les «petits policiers à la solde de Macky Sall». «Je ne crois pas à ces institutions», a-t-il dit, avant d’être coupé par des indignations à voix haute des avocats de Mame Mbaye Niang. Sonko se fera finalement par Suma Assistance dont une équipe a été dépêchée au tribunal hier. Celle-ci a constaté l’incapacité de l’opposant à comparaître. Le médecin, qui l’a examiné, s’est même présenté à la barre.

Les audiences du procès du leader du parti Pastef se suivent et se ressemblent. A chaque fois que Ousmane Sonko est appelé à déférer à une convocation devant la Justice, les autorités ne lésinent pas sur les moyens sécuritaires.

Hier encore, c’est un imposant cordon sécuritaire qui a été mis en place aux alentours et à l’intérieur du Palais de justice de Dakar.

Toutes les grandes artères qui mènent au Temple de Thémis ont été prises d’assaut de bonne heure par les Forces de l’ordre, armées jusqu’aux dents. Mais, malgré ce dispositif mis en place, les manifestants n’ont pas mis trop de temps pour commencer les échauffourées. Les hommes de tenue postés devant la route qui mène à la gare routière Pertersen et qui jouxte le Service de l’hygiène sont les premiers à ouvrir les hostilités. Tout est parti de l’immobilisation du véhicule du leader du parti Pastef par les Forces  de l’ordre quand Ousmane Sonko a manifesté sa volonté de passer par l’Université de Dakar et non par la Corniche, l’itinéraire qu’elles lui ont tracé.

Quand les jeunes manifestants ont appris à travers les ondes des radios que Ousmane Sonko a été sorti manu militari de son véhicule, ils ont commencé à s’avancer vers le Palais de justice pour lequel le leader du parti Pastef était en partance pour déférer à sa convocation du juge correctionnel, suite à la plainte du ministre du Touris­me, Mame Mba­ye Niang, pour «diffamation».

Les éléments du Gmi ne sont pas fait prier pour briser cet élan des jeunes manifestants en balançant des grenades lacrymogènes. C’est la débandade, le sauve-qui-peut. Des cris de détresse fusaient de partout.

Les tenanciers de certains magasins baissent leurs ri­deaux et ceux qui avaient étalé leurs marchandises à même le sol ont vite fait de les ramasser. «Fuyez, fermez les magasins», alerte une bonne volonté.

Sur l’avenue Blaise Diagne, des jeunes ont barricadé la route en mobilisant des bus de Dakar Dem Dikk et en obligeant les passagers à descendre. Pour ces faits qui se sont déroulés à hauteur de Per­tersen, les Forces de sécurité sont vite intervenues en lançant des grenades lacrymogènes pour disperser les jeunes manifestants. Mais leur intervention n’a pas empêché les manifestants de brûler deux bus de cette société de transport public. Comme une contagion, les choses ont dégénéré partout dans les rues de la capitale. C’est l’intifada entre Forces de l’ordre et manifestants, qui brûlent des pneus et paralysent ainsi la circulation en scandant le nom de Ousmane Sonko. Ces combats de rue n’ont baissé d’intensité que seulement après le renvoi du procès au 30 mars prochain.

La demande en récusation du juge Pape Mohamed Diop, introduite par un des avocats de Ousmane Sonko, a été rejetée par la Cour d’appel de Dakar.

Me Ousseynou Fall avait introduit cette requête «en articulant trois griefs de nature à remettre en cause l’impartialité objective et subjective» du président de la première Chambre correctionnelle du Tribunal de Dakar chargé de trancher l’affaire opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang.

En plus du rejet de la demande en récusation, la Cour d’appel a condamné Ousmane Sonko à payer une amende de 25 000 francs Cfa. Cette sanction est prise par la Cour en se basant sur l’article 655 du Code de procédure pénale, qui dit que «toute ordonnance rejetant une demande de récusation prononce la condamnation du demandeur à une amende de 25 000 à 250 000 francs Cfa».
Dans son ordonnance, la Cour d’appel a expliqué les raisons de cette décision : «Attendu que la charge de la preuve incombe au demandeur en récusation conformément aux dispositions de l’article 651 alinéa 2 du Code de procédure pénale, qu’en l’espèce la requête ne contient pas les justifications utiles exigées par ledit article, qu’elle ne contient pas non plus des extraits certifiés du plumitif d’audience.»

Dans le document, il est également précisé «qu’il résulte par contre, de la réponse fournie par le juge Pape Mohamed Diop, une stricte observance des impératifs posés à l’article 629 du Code de procédure pénale, un souci évident du Tribunal de faire prévaloir la sérénité et la dignité des débats et l’acceptation, par deux fois, des demandes de renvoi formulées par la défense, au terme d’une appréciation souveraine et objective».

La Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) dénonce une violation des droits du journaliste Pape Ndiaye, en détention depuis le 7 mars.

Elle « constate avec amertume le maintien en détention de notre confrère et ancien président, Pape Ndiaye, Journaliste au Groupe Walfadjri », note-t-elle dans un communiqué.

« Depuis l’éclatement de cette affaire qui a conduit à son arrestation, nous avons tenu, dans le respect des principes qui gouvernent l’État de Droit et en étroite collaboration avec les avocats et les autres organisations faîtières de la Presse, à privilégier la médiation, sans aucune entrave à la libre administration de la Justice. Malheureusement, nous sommes au regret de constater une violation continue des droits de notre confrère. Car rien ne saurait justifier son maintien en détention, suite au renvoi de son dossier en instruction, alors même qu’il aurait pu être jugé en flagrant délit », poursuit la convention dans leur note.

Au-delà d’exiger la libération immédiate de leur confrère, les jeunes reporters appellent « tous les professionnels des médias à se mobiliser et à se tenir prêts pour participer au rassemblement prévu par le Groupe Walfadji, le dimanche 19 mars ».

L’organisation compte d’ailleurs participer à la conférence de presse qui sera organisée cet après-midi dans les locaux du Groupe.

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