Ngalakh à la veille de Pâques : Un plat qui rapproche musulmans et chrétiens

Ce weekend du 8 et 9 avril 2023, la communauté chrétienne célèbre comme partout  ailleurs, la mort puis la résurrection du Christ. Au Sénégal, où l’on compte 5% de chrétiens et 95% de musulmans, Pâques, comme la Tabaski, est un emblème de la fraternité des communautés religieuses. Les familles chrétiennes préparent des quantités importantes de ngalakh au cours du vendredi et du samedi précédant le dimanche de Pâques pour en offrir à leurs voisins et à leurs invités.

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Véritable repas d’amitié et de fraternité entre musulmans et chrétiens sénégalais, à la fin du temps du jeûne chrétien, la préparation du ngalakh dans les familles commencent le jeudi qui précède le vendredi saint. Il est fait de mélange de couscous, de pain de singe, de pâte d’arachide, de raisin, de beurre et de sucre. Succulent, assure-t-on, il est d’une grande importance pour les chrétiens sénégalais qui ont fini par l’adopter. Pâques, le ngalakh, la recette sénégalaise de l’entente entre catholiques et musulmans

Entre coutume et solidarité

Seulement les gens semblent tellement habitués à boire du Ngalakh qu’il est difficile de rompre avec cette tradition qui de plus contribue à renforcer le dialogue islamo-chrétien. Cependant, cette année, on assiste à une crise mondiale marquée par l’inflation sur de nombreux produits. Entre coutume et solidarité. Elisabeth Cissé nous en dit un peu long « C’est une préparation spirituelle  parce qu’on sort  quand même de 40 jours  de carême et après c’est la fête de Pâques. On va célébrer la résurrection du Christ qui est une joie, une allégresse pour nous et ce sera  en famille. Selon, elle, le ngalakh est quelque chose que j’ai trouvé ici,  car mes grands parents, ma mère le faisaient donc c’est une tradition. C’est aussi  un acte de générosité envers nos prochains. Mais la coutume en tant que telle, n’est pas dans l’Eglise. La conjoncture actuelle ne s’y prête pas trop également parce que effectivement les denrées ont augmenté mais ça dépend de comment chacun le ressent. On en offre  à quelques voisins même si les temps sont durs. « Nous allons simplement réduire la quantité habituelle ».

Ngalakh et la conjoncture actuelle ….

De nombreux fidèles trouvés à la paroisse des martyrs de l’Ouganda, sont préoccupés par cette conjoncture. La conjoncture actuelle fait que la vie est trop chère, le sucre, une des composantes du Ngalakh a connu une hausse excessive.  « C’est difficile de trouver du sucre pour assaisonner son ngalakh » nous dit Anna Sarr au marché Gueule Tapée. « Je prépare le Ngalakh. J’ai le mil, l’arachide, le bouye. Il n’y a que le sucre qui me manque et  le sac coûte 30 000 F CFA. On est obligé de le faire juste pour partager avec nos frères musulmans. C’est pourquoi, je compte en faire 2 bassines cette année », nous dit-elle. À quelques pas, Samira Sagna est venue, elle aussi au marché. Cette dernière estime que les fêtes se préparent mais difficilement. « On a augmenté le prix du sucre car le kg qui coûtait à 600 FCFA est passé de 700 FCFA. Autre chose qui a également connu une hausse considérable c’est le  pot de pain de singe qui coûtait 500 FCFA revient à 700 sur le marché. Les fidèles chrétiens ne sont pas  encore venus à l’exception de quelques femmes qui viennent s’enquérir des prix des composants  de ce dessert. Clarice Diédhiou,  commerçant au marché Tilène, estime que cela peut se justifier par la flambée des prix des denrées de première nécessité. Tout est cher laisse-t-elle-entendre. Les prix sont revus  à la hausse depuis un certain temps. Présentement, même le mil a connu une flambée. Le mil, par exemple, se vend à 375 FCFA le kilo. Le prix peut même aller jusqu’à 400F CFA. Concernant le bouye (pain de singe), le kilogramme coûte 700 alors qu’auparavant c’était 550 FCFA. La pâte d’arachide est à 1000 FCFA le kilo alors que ça se vendait  à 750 ou 800.  Certains le vendent, même, à 1100 voire 1200 F CFA », nous fait savoir ce jeune homme. Charles Diémé confirme d’ailleurs qu’il s’agit d’une tradition considérée comme une offrande après 40 jours de spiritualité. Les juifs l’appellent  la fête du «Saba » et les chrétiens le font le vendredi saint avant Pâques qui symbolise la résurrection du Christ. Ce dessert sucré, est associé à la fête de pâques. C’est en effet avec ce mélange de pâte d’arachide et de pain de singe dégusté avec du couscous que les chrétiens du Sénégal célèbrent la fin du carême. De grandes quantités sont préparées le jour du vendredi Saint. C’est aussi des moments de solidarité et de partage. Ces derniers en distribuent aux voisins et invités, pour la plupart, des musulmans. Une pratique qui participe au raffermissement des liens et le dialogue Islamo chrétien.

La symbiose autour de la Pâques

Phénomène plus ou moins culturel, le «ngalakh» est désormais entré dans les mœurs au Sénégal où chaque année, il est attendu de tous et avec impatience. Pour les foyers catholiques, il est le plat du jour le Vendredi saint ou le Samedi saint. Mais cette pratique est de plus en plus décriée par certains responsables de l’Eglise catholique qui considèrent que ce plat spécial tend à avoir plus de valeur que les cérémonies religieuses de la fin du carême. Malgré cette cherté, la communauté chrétienne compte servir à tout prix ce plat, devenu symbole de la bonne relation avec les musulmans au Sénégal. Le Sénégal est un pays laïc où chrétiens et musulmans vivent en parfait communion. Dans un pays qui compte 5% de chrétiens et 94% de musulmans, les fêtes religieuses sont les moments choisis pour magnifier cette valeur culturelle et historique. Le « ngalakh », symbole de fraternité. Ce plat très apprécié des Sénégalais permet de consolider les liens de bon voisinage entre chrétiens et musulmans, et est devenu incontournable. Ces pratiques locales est unique au Sénégal prouvent la bonne entente entre catholiques et musulmans, très chère aux Sénégalais.

Ndéye Khady MBAYE GOUDIABY

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