CANDIDATS PLÉTHORIQUES À LA PRÉSIDENTIELLE DE FEVRIER 2024 : Ce qui fait courir tout le monde

Ce qui fait courir tout le monde
Les Sénégalais sont appelés aux urnes le 25 février 2024 pour se choisir un nouveau président de la République après que l’actuel, Macky Sall, a décidé, le 3 avril dernier, de renoncer à un troisième mandat. Mais déjà, les annonces de candidature se multiplient tant dans l’opposition qu’au sein de la coalition au pouvoir. Pour le moment, on dénombre plus d’une soixantaine de candidats à vouloir briguer la magistrature suprême, même s’ils devront au préalable recueillir assez de parrainages pour rester sur la ligne de départ de la course au fauteuil présidentiel. Mais au regard du nombre pléthorique de ces prétendants, comme cela l’a été avec les 80 candidats déclarés lors de l’échéance de 2019, on se demande pourquoi tant de convoitise pour la plus haute fonction de l’Etat dont les lourdes charges font même pousser des cheveux blancs ? Les intentions de candidatures sont-elles sincères ? Baïdy Agne du patronat sénégalais y perçoit une dévalorisation de la fonction présidentielle lorsqu’il s’exclame ainsi : « Tout le monde est candidat chez nous. Même les gens qui devaient gérer des boutiques sont candidats !».
Les privilèges exceptionnels en ligne de mire
Si pour sa part, cette effervescence électorale fait partie de l’animation de la démocratie sénégalaise, Dr Abdoul Aziz Mbodj, professeur de droit constitutionnel à l’Université Alioune Diop de Bambey pense toutefois que cette convoitise s’explique par la quête du pouvoir et des privilèges qui vont avec, plutôt que par la volonté d’être au service des populations. «Les gens ne vont pas à une élection présidentielle uniquement pour servir. Ils y vont aussi pour acquérir des positions et les privilèges qui les accompagnent. Et souvent, chez nous les gens prennent trop de privilèges qui résultent du pouvoir. Les attributs de pouvoir, les pouvoirs de contraintes et les fonds qui les accompagnent, les passeports diplomatiques… Ils ne laissent rien. Ils prennent tout. Alors que souvent derrière, ils n’assument pas les obligations de fait, c’est-à-dire les services publics de qualité, la gouvernance», fait observer Pr Mbodj. Pourtant, ajoute-t-il pour le déplorer : «ces privilèges sont attribués aux détenteurs du pouvoir parce qu’ils sont appelés à satisfaire les besoins du peuple. Malheureusement, ils ne les satisfont pas comme il faut». D’où, selon lui, l’échec des politiques publiques souvent notés au Sénégal.
Les causes profondes d’un désordre électoral
A l’en croire, la multiplicité des candidats déclarés prend sa source dans la crise de la démocratie représentative et la crise du système de parti. «Aujourd’hui, dans le paysage politique sénégalais, aucun parti n’a cherché à se faire un processus démocratique pour le choix de ses dirigeants, de ses représentants etc. Si le système de parti n’était pas en crise, on n’allait pas avoir ce désordre qui n’a pas épargné le parti au pouvoir. Quand on se permet de pouvoir désigner son dauphin à cinq mois de l’élection présidentielle comme un décret, c’est une catastrophe pour une démocratie», déduit Dr Mbodj. D’après lui, le système de parti a échoué et c’est l’échec total de toute la classe politique sénégalaise actuelle. «Les partis politiques sont une école de la démocratie, on devrait normalement y militer et de la base au sommet, en marchant d’échelon en échelon, en acquérant des grades par le biais de système d’élection. Malheureusement, il ne s’agit plus de cela dans ce pays. Les gens l’ont tellement compris que depuis la gouvernance du président Abdoulaye Wade, il suffit de créer un petit mouvement politique, on te met dans la conférence des leaders, et au bout même si tu n’es pas nommé, tu bénéficies de quelque chose. Aujourd’hui, il y a des gens ayant des mouvements ou partis aux poids électoraux insignifiants qui ont des considérations extrêmement importantes dans les rouages de l’Etat parce qu’ils font du bruit, ont des couloirs dans la presse», fait-il constater.
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