Rapport Cour des Comptes : PRODAC, ce programme n’est-il pas un échec ?
Toutefois, selon le document parcouru, les objectifs assignés au PRODAC n’ont pas été atteints, au regard de l’incomplétude des infrastructures réalisées et de l’échec noté par rapport à sa mission de création d’emplois.
Défaut de mise en place des Unités Autonomes d’Exploitation (UAE)
Le contrat liant l’État du Sénégal à Green 2000 concerne la construction de Centres de Formation et de Service Agricoles, plus communément appelés « ASTC », en référence à sa signification anglaise « Agricultural Service and Training Center ». Il s’agit de centres d’incubation permettant de former aux métiers de l’agriculture et de fournir une assistance. En effet, selon le document de pilotage du programme de 2014, « Un DAC est constitué de plusieurs Unités Autonomes d’Exploitation (UAE) ayant une superficie allant de 1 à 30 ha. Chaque UAE est gérée par un Groupement d’Entrepreneurs Agricoles (GEA) composé de 5 à 25 exploitants (à très large majorité de jeunes).
En fonction des affinités et des spéculations pratiquées, plusieurs UAE pourront s’unir pour constituer des Unions d’UAE, lesquelles pourront, à leur tour, former des fédérations d’UAE ». C’est dire donc que sans UAE, aucun DAC ne peut être fonctionnel. Pour permettre au PRODAC d’atteindre les objectifs qui lui ont été assignés, il est impératif que les UAE soient mises en place. Le document de projet avait prévu « l’installation de 2 000 chefs d’entreprises agricoles à la tête de 2 000 Unités Autonomes d’Exploitation (UAE) de 15 ha chacune, en moyenne ». Il a été constaté que, sept (07) ans plus tard, aucune UAE n’a été mise en place.
La Cour dit rappeler que la mise en place des UAE est une condition sine qua non pour l’atteinte des objectifs du PRODAC.
Défaut de réalisation de l’objectif de création d’emplois
De l’examen du cadre de suivi-évaluation du PRODAC, il ressort que son ambition était orientée autour d’une création massive d’emplois pour les jeunes et les femmes, sur une durée de cinq ans, à travers, notamment :
L’installation de 2 000 chefs d’entreprises agricoles à la tête de 2 000 Unités autonomes d’Exploitation (UAE) de 15 ha chacune, en moyenne ; La facilitation de la mise en place de 2000 Groupements d’Entrepreneurs agricoles (GEA) comptant, en moyenne, 15 sociétaires, chacune ; Favoriser la création de 120 000 emplois directs avant la fin de l’année 3 du programme ; La création de 180 000 nouveaux emplois directs générés par la mise en place, hors DAC, de 90 000 fermes villageoises entre le début de l’année 4 et la fin de l’année 5 ; La formation, au terme des 3 années, de plus de 90 000 jeunes ruraux aux techniques de production et de transformation des produits agricoles.
Au bout de sept (07) années de mise en œuvre, il a été constaté que les objectifs ci-dessus visés n’ont pas été atteints par le PRODAC. En effet, la création d’emplois au niveau des DAC, sous la forme des GEA formalisés, est conditionnée à la mise en place des UAE et des fermes villageoises.
En réponse, Monsieur Papa Malick Ndour affirme que le défaut de réalisation de l’objectif de création d’emplois est la conséquence logique de l’absence d’UAE, lieux d’insertion des Groupements d’Entrepreneurs agricoles (GEA), principaux promoteurs d’emplois. Il reconnait « que le nombre d’emplois créés, à partir des « cœurs de DAC », est largement en deçà des objectifs assignés au PRODAC ». À ce propos, il déclare que « les « cœurs de DAC » ont pour principale mission la formation et l’assistance technique et non la création d’emplois ».
La Cour rappelle que l’objectif global du PRODAC est de contribuer à la réduction de la précarité sociale en milieu rural par la promotion de l’entreprenariat agricole des jeunes et des femmes et qu’au titre de ses objectifs spécifiques figure « la création d’emplois par l’entreprenariat agricole dans tous les segments de la chaîne de valeurs dudit secteur… »